Vous utilisez probablement votre ordinateur pour effectuer toutes sortes de tâches : écrire, calculer, communiquer, s’informer, gérer des images, des vidéos et de la musique, etc. Pouvez-vous donc imaginer la perte que cela représente pour ceux qui ne l’utilisent que pour envoyer et recevoir des courriers électroniques ?
En fait, il existe une situation similaire de potentiel gaspillé et de sous-utilisation du yoga dans le monde occidental !
En effet, seule une minorité de pratiquants connaît et apprécie à sa juste valeur cette fantastique discipline spirituelle originaire de l’Inde, tandis que la plupart ne l’utilisent que pour « se mettre en forme », ce qui représente environ un dixième de tous les bienfaits que le yoga a normalement à offrir.
Relier les choses entre elles
Le yoga est plus qu’une simple pratique de bien-être, de santé et de relaxation. Pour comprendre le yoga, il faut se pencher sur son étymologie. Yoga signifie « Union » en sanskrit.
L’union réunit deux éléments qui travaillent ensemble, créant quelque chose de plus grand que la somme de leurs parties. Le yoga s’efforce de réaliser l’union, de relier les choses entre elles. Mais que cherche-t-il à relier ?
Il vise à vous mettre en relation.
Votre conscience est distincte du reste de l’univers, des autres êtres et même de votre subconscient.
Comment cela se fait-il ?
La volonté de l’humanité est trop faible et immature pour se libérer de la fascination de ses propres pensées. Ce phénomène est récent dans l’évolution humaine.
Hypnotisée par ses pensées, la volonté rêve que la vie est un reflet, un écho de la réalité. Elle rêve d’une histoire où le moi s’impose comme un être à part entière.
La conscience dormante d’un esprit dysfonctionnel sépare le sujet (vous) de l’objet (tout le reste).
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il n’y a pas de cognition ou de sentiment de « vous » dans le sommeil profond ? Privé de toute connaissance, le sujet ne peut pas se maintenir en place. Il disparaît.
Vous n’existez que lorsqu’un processus cognitif « hypnotique » perturbe votre état de conscience éveillé. Ce processus sépare le sujet de l’objet par le biais du fantasme.
L’éveil par le yoga
Le yoga a été créé pour vous sortir de cet état d’hypnose. Il lie le sujet et l’objet séparés par la cognition et nettoie votre conscience de votre ego. Il vous unit à l’univers, au Tout.
D’ailleurs, le mot latin pour « lier » est la racine du mot « religion ». La religion et le yoga sont des héritages de sages ancêtres. Ils nous aident à rétablir le lien naturel entre la conscience individuelle et la conscience du Tout.
Nous pouvons gâcher ces héritages en pensant que la religion est l’opium des masses ou que le yoga n’est qu’un exercice de gymnastique bizarre. Cependant, l’essence de ces voies spirituelles a le pouvoir de vous libérer de l’illusion d’être un être séparé. Ce moi est criblé de peurs, d’orgueil, d’avidité, de haine, de colère, de jalousie, de mensonges et d’autres problèmes. Les religions ont appelé cela des « péchés » dont l’ego ne sera jamais guéri, car ils lui sont consubstantiels.
Le yoga vous aide à comprendre l’importance de mettre fin à l’égocentrisme dysfonctionnel de votre esprit. Il vous offre la possibilité de relier votre conscience individuelle à la conscience du Tout.
Soyez la vague et l’océan !
Yoga occidental
Pour votre initiation au monde du yoga, une discipline complexe et exotique, pourquoi ne pas essayer des méthodes très simples conçues par des Occidentaux pour des Occidentaux ?
Le yoga sans poses
Philippe de Méric, pionnier du yoga en France, a conçu le « yoga sans pose ». Cette forme de yoga très simple permet de soulager le stress grâce à des exercices simples de contraction, de relaxation et de respiration régulière et contrôlée.
Cette approche est intéressante car elle émane d’un maître de yoga occidental. Il s’est efforcé de supprimer toutes les parties spécifiquement indiennes du Hatha Yoga indien. Il en est resté l’essence qui répond au besoin universel d’acquisition intérieure, d’illumination et de transformation de soi.
Selon lui, le hatha yoga indien a été conçu pour des personnes très différentes des Occidentaux modernes. Ils ont des préoccupations métaphysiques, des mentalités et des attitudes à l’égard de leur corps différentes.
Bien qu’il soit possible de s’adapter au Hatha Yoga indien, il a conçu le « Yoga sans poses » pour nous libérer des efforts d’adaptation inutiles.
Le mot « asana » signifie « facile, confortable, stable, agréable ». Le Yoga Sutra confirme cette étymologie en nous apprenant que « la pose devient parfaite dès lors que tout effort pour l’adopter disparaît ».
Par conséquent, les Occidentaux ne devraient pas effectuer ce qui pourrait être considéré comme des acrobaties. Ils devraient plutôt choisir des poses de yoga parmi les façons naturelles et habituelles de se tenir debout.
Les plus grands enseignements du « yoga sans poses » expliquent comment se tenir debout, contrôler les tensions, respirer et améliorer la conscience.
Debout
Au lieu de faire une heure de yoga et de revenir ensuite aux mauvaises habitudes, concentrez-vous sur le yoga qui s’adapte à la vie quotidienne. Ce type de yoga vise précisément à changer ces mauvaises habitudes.
Par exemple, l’une de nos activités les plus courantes consiste à se lever. Cependant, personne ne nous apprend jamais à le faire correctement.
Comment se tenir debout ? Tout simplement en alignant vos jambes, votre torse, votre cou et votre tête dans un plan équilibré, presque vertical. L’objectif est de répartir harmonieusement l’effort des muscles et des tendons, en réduisant leur effort au minimum.
C’est l’objectif du Hatha Yoga : éviter toute contraction dans une pose et s’efforcer d’être aussi naturel que possible.
Nous ne nous concentrons pas sur les poses assises, mais sur quelque chose de plus universel : la position debout.
Comment se lever correctement
Pour bien se tenir debout, l’axe vertical du corps doit se trouver entre les pieds, qui doivent être légèrement écartés et parallèles.
Gardez les jambes droites et le bassin naturellement incliné sans contracter ni relâcher les muscles dorsaux et abdominaux. Votre colonne vertébrale doit être aussi droite que possible, en détendant les muscles de votre cage thoracique. Gardez les bras et les épaules relâchés, la tête dans une position naturelle.
Cela peut paraître simple et évident. Cependant, plusieurs mauvaises habitudes et idées fausses ont perturbé cette position idéale au cours des siècles.
Par exemple, de nombreuses personnes pensent qu’il est sain de montrer sa poitrine, mais c’est le contraire qui est vrai.
N’allongez pas le menton. Gardez-le plutôt près de votre gorge pour réduire la courbure de votre cou. Ne gardez pas les épaules en l’air, ne creusez pas votre poitrine et ne vous asseyez pas sur vos hanches de manière inappropriée.
Pour être à l’aise dans cette posture, trouvez votre équilibre en utilisant votre centre de gravité. Celui-ci se situe à quelques centimètres sous votre nombril, plus précisément entre la cinquième vertèbre lombaire et le sacrum.
Maintenant, habituez-vous à vous tenir dans cette position aussi souvent que possible jusqu’à ce qu’elle devienne naturelle et permanente.
S’asseoir
Les Orientaux s’assoient quotidiennement sur le sol depuis la nuit des temps. Ils ne trouvent donc pas particulièrement difficile de croiser les jambes pour réaliser un Padma asana parfait ou toute autre pose classique.
À l’inverse, les personnes occidentales doivent faire travailler leurs articulations pendant un long moment pour obtenir les mêmes résultats, si ce n’est plus.
Pourtant, ces asanas classiques ne sont absolument pas obligatoires, puisque plusieurs maîtres – même indiens – ne les ont jamais pratiqués.
Il est préférable d’apprendre à s’asseoir correctement, à votre manière. Tout d’abord, vous devez essayer de voir les mauvaises habitudes que la plupart d’entre nous ont prises, à savoir s’asseoir d’une mauvaise manière, en s’affaissant, en cambrant le dos, en se penchant sur le dossier de la chaise ou en s’avachissant sur les coudes.
La position assise du Yoga sans postures consiste à s’asseoir sur le bord d’une chaise, les jambes croisées, les pieds touchant le sol sur leur face externe, les genoux écartés dans une position nettement en dessous des hanches afin de contrôler votre centre de gravité.
Les mains sont simplement posées sur les cuisses, la tête regarde droit devant et le ventre reste dans une position naturelle.
Dans cette position, il vous suffit d’allonger votre colonne vertébrale, des hanches au cou, comme si vous vouliez être plus grand, mais sans jamais étirer vos épaules vers l’arrière ni gonfler votre poitrine.
Là encore, cette attitude du corps doit devenir progressivement une seconde nature, même s’il faut s’entraîner longtemps avant d’y parvenir.
Détente
Rien d’étonnant à cela : si vous voulez vous détendre, le yoga classique et la relaxologie s’accordent à dire que la meilleure position est de s’allonger sur le dos.
Vous avez besoin d’une surface solide, comme une moquette par exemple, dans un endroit plutôt calme et bien ventilé.
Une fois libéré de toute contrainte vestimentaire, vous pouvez vous détendre, les talons écartés – ou même les jambes légèrement écartées -, le dessus des pieds vers l’extérieur, les bras tendus le long de la poitrine, paumes vers le haut, doigts légèrement recourbés, la tête dans le même axe que le reste du corps, qui doit évidemment être droit mais pas raide. Vous pouvez mettre un petit coussin sous votre taille, votre cou ou vos genoux si vous en avez besoin.
Toute séance de relaxation doit se dérouler dans une parfaite immobilité. Vous ne pouvez pas changer de position à mi-parcours, ni vous gratter, ni vous moucher… Détendez-vous ! Le protocole de base consiste à se concentrer successivement sur différentes parties de votre corps et à chercher à les détendre. Certaines sont plus importantes que d’autres, comme le cou, le visage ou la langue, et vous devez leur consacrer plus de temps pour vous détendre.
Vous devez également respirer par le nez, également de manière détendue, avec une attention particulière lorsque vous expirez, car c’est là que toute la tension sera relâchée.
Une session doit durer au minimum dix minutes, mais elle peut bien sûr durer jusqu’à vingt, trente, voire soixante minutes.
Se contrôler
Selon le même principe, vous ne devez pas vous contenter d’une seule séance de relaxation de temps en temps, mais chasser vos tensions tout au long de la journée, en vous concentrant notamment sur les attitudes quotidiennes de votre corps.
En ce moment, par exemple, si vous êtes en position assise, quelle est la position de votre dos ? Vos épaules sont-elles poussées vers l’avant ou vers l’arrière ? Vos jambes sont-elles croisées ? Votre visage est-il détendu ? Etc.
Pour chacune de ces questions, vous devez essayer de voir si vous trouvez ou non une tension inutile.
De même, lorsque vous marchez dans la rue, essayez de prendre conscience de la façon dont vos bras tombent, s’ils sont souples ou tendus, si votre tête se tient naturellement droite…
En voiture, il est encore plus facile d’adopter de mauvaises habitudes. Votre tête, surtout, est très souvent inclinée vers l’avant, comme si vous vouliez voir plus loin, ce qui déclenche des tensions douloureuses dans votre cou. Rapprochez simplement votre menton de votre cou et laissez-le s’étendre plus naturellement.
Certains pourraient trouver ce type de contrôle ennuyeux, mais cela signifie qu’ils n’ont pas compris l’intérêt du yoga. En Inde, les yogis pratiquent leurs asanas presque constamment.
Dans le monde occidental, où personne ne peut s’installer définitivement sur le trottoir pour effectuer ces exercices, un autre type de yoga mieux adapté à notre mode de vie a été conçu. Il s’agit de nous permettre de le pratiquer de manière plus soutenue et plus régulière.
Bien sûr, vous pouvez tout aussi bien pratiquer ce yoga occidental pendant seulement trente minutes par jour, mais il n’a pas été conçu pour cela.
La respiration
Maintenant que vous savez à quoi vous attendre, il vous sera plus facile d’essayer de respirer naturellement en prenant conscience de cet acte généralement inconscient : la respiration.
Commencez par observer la façon dont vous respirez lorsque vous êtes au repos, lorsque vous parlez, lorsque vous faites un effort physique… Notez les variations de votre rythme respiratoire, les à-coups, les irrégularités, les endroits spécifiques…
Bien sûr, n’essayez pas encore de changer votre respiration. Il s’agit maintenant d’apprendre à vous connaître à travers la façon dont vous respirez. Votre respiration est-elle régulière ou instable ? Profonde ou superficielle ? Est-elle située dans la partie supérieure ou médiane de votre thorax ?
Une fois la séance terminée, il suffit de s’allonger dans la position de relaxation décrite précédemment et d’expirer lentement et profondément par le nez, puis d’attendre de commencer à inspirer naturellement, sans effort.
En continuant cet exercice, petit à petit, commencez à fixer votre respiration en utilisant votre ventre.
En général, l’inspiration ne pose pas de problème. D’abord parce qu’elle se déclenche automatiquement et ensuite parce qu’elle est généralement suffisante.
Cependant, l’expiration nécessite généralement un certain apprentissage.
Un exercice de respiration assez facile consiste à expirer tout l’air possible en position assise, puis à se pincer le nez et à essayer d’inspirer deux ou trois fois en allongeant les côtes.
Puis relâchez vos narines et expirez un peu plus… et recommencez les fausses inspirations en vous tenant le nez. Enfin, expirez une dernière fois et laissez l’air entrer normalement dans vos poumons.
Cet exercice doit évidemment être effectué plusieurs fois de suite. Il permet de décongestionner, de détoxifier et surtout de rééduquer la fonction diaphragmatique.
Renforcer votre prise de conscience
Tout le monde connaît l’histoire du disciple qui demande à son maître comment il peut atteindre l’illumination et qui reçoit la réponse suivante : « Quand tu as faim, mange, quand tu es fatigué, dors ».
Le pauvre disciple est abasourdi :
« Mais tout le monde fait ça ! Quand les gens mangent, ils pensent à d’autres choses et se laissent distraire de ce qu’ils font. Quand ils dorment, ils ne dorment pas, ils rêvent de mille choses inutiles ».
Un autre bon exercice consisterait à prendre une montre en main et à observer le tic-tac de seconde main. Essayez d’être conscient, seconde après seconde, de vous tenir ici et maintenant.
Dans combien de temps votre esprit commencera-t-il à vagabonder, à s’éloigner de l’ici et du maintenant ?
Tout comme le yoga indien, l’objectif est avant tout d’être conscient de sa propre présence, le plus souvent possible. De ne jamais vous quitter. Ou du moins, essayer de le faire.
Eutonie
Conçue par Gerda Alexander en 1957, l’Eutonie n’est pas appelée « yoga », mais beaucoup la considèrent comme une autre branche du yoga fermement ancrée dans la culture occidentale.
Le mot vient du grec et signifie « tension harmonieuse ». En d’autres termes, l’eutonie est censée être l’état dans lequel vous pouvez atteindre un équilibre psychophysique optimal. Mais pour Gerda Alexander, qui avait beaucoup d’élèves handicapés, l’eutonie était avant tout une méthode de découverte de soi par le corps.
Il s’est d’abord inspiré des principes de l’eurythmie conçus par Jacques-Dalcroze, qui ont peu à peu convaincu Alexander de l’importance d’être à l’écoute de son propre rythme pour réaliser des mouvements vrais et organiques.
Pour cela, elle a rapidement compris qu’il était essentiel de soulager les tensions excessives et de dissoudre les blocages.
Eutony est né.
Mouvements délibérés
Selon Gerda Alexander, un mouvement peut être soit eutonique (c’est-à-dire régénérateur), soit dystonique (c’est-à-dire dégénératif).
Concrètement, la principale différence mise en évidence par Eutony se situe entre les mouvements mécaniques ou répétitifs, comme taper un texte sur un ordinateur, et les mouvements prudents. Les premiers finissent toujours par générer des contractions et des blocages, les seconds jamais.
Dans cette optique, la qualité de vos mouvements est le principal facteur de votre tonus, qui a un impact sur votre organisme à chaque étape.
D’autre part, différents types de réactions au stress peuvent également déclencher des blocages et des dysfonctionnements. Chacun réagit à sa manière : certains serrent les dents, d’autres rentrent les épaules, d’autres encore contractent leurs muscles…
De toute façon, la plupart d’entre eux se bloquent en essayant de se protéger, ce qui les rend incapables d’aborder le problème de front.
Pire encore, ces réactions inappropriées ralentissent l’irrigation régulière du cerveau et empêchent de penser correctement. En d’autres termes, une poignée de mauvaises habitudes sont responsables de votre incapacité à surmonter toute situation de stress.
À l’inverse, lorsque vous essayez d’identifier ces habitudes néfastes de votre corps et de les démanteler chaque fois qu’elles se produisent jusqu’à ce que vous puissiez tout simplement empêcher leur déclenchement, il devient possible et même relativement facile d’affronter toutes les situations difficiles de l’existence avec un esprit stable et ouvert.
C’est l’objectif principal d’Eutony.
Démanteler les mauvaises habitudes
Les avantages de la pratique de l’Eutonie semblent donc évidents. En apprenant à ne plus être à cran et à se débarrasser des mouvements dégénératifs, le pratiquant va progressivement entamer un processus d’amélioration de soi qui va élargir ses perceptions et améliorer sa relation avec lui-même et avec les autres.
Certes, cela ne se fera pas du jour au lendemain ! Les mauvaises habitudes, en particulier celles qui remontent à l’enfance, peuvent être difficiles à surmonter.
Lorsqu’une personne de cinquante ans s’écrase sur son propre cadre à chaque déception depuis l’âge de cinq ans, il est évident qu’elle n’apprendra pas à se redresser par réflexe en une seule séance d’une heure.
Par exemple, Eutony ne doit pas se limiter à des exercices de mouvements régénérateurs. Il vous apprend également à prendre conscience des causes des mouvements dégénératifs, c’est-à-dire à prendre conscience de vos pensées, de vos sentiments et surtout de l’usage que vous faites de votre corps.
En effet, de par sa nature même, cette conscience accrue pourrait à elle seule déclencher automatiquement la diminution, voire la disparition de tout mouvement mécanique.
Être présent pour vous-même
Une fois de plus, comme dans toutes les branches du yoga, l’objectif principal est d’être conscient de soi, d’être là pour soi.
Dans l’enseignement de l’Eutonie, être conscient de soi implique à la fois d’avoir une conscience claire et impartiale du monde extérieur et de remarquer l’aspect vivant des processus physiologiques tels que le tonus, le flux sanguin ou la respiration. Et bien sûr, cela nécessite un certain recul sur soi-même, une sorte de neutralité bienveillante, qui seule permet d’observer ses réactions à tout ce qui se passe, sans jugement mais avec discernement.
Il ne s’agit ni d’une absorption méditative ni d’un processus d’autosuggestion, mais d’une observation sereine visant un état d’équilibre psychophysique.
En résumé, l’objectif principal de l’Eutonie n’est pas de réussir des mouvements, mais d’être présent à vous-même lorsque vous effectuez ces mouvements. Cette présence est aussi essentielle que rare.
L’un des exercices les plus courants pour les débutants consiste simplement à dessiner son propre corps afin d’exprimer la conscience que l’on a de son propre corps et de montrer à quel point l’image que l’on a de soi peut être différente de la réalité.
Vous devrez travailler cette image de soi à chaque étape de votre formation à l’Eutonie.
Exercices quotidiens
Eutony met principalement l’accent sur la nécessité de développer un certain esprit d’indépendance, tant lors du travail en groupe que lors des exercices que vous ferez à la maison.
Par exemple, les cours n’enseignent que les bases essentielles et les professeurs interviennent le moins possible pour corriger les mauvais mouvements.
En résumé, tous les étudiants doivent comprendre par eux-mêmes et être conscients de l’effet de leurs propres mouvements. Eutony ne recherche pas la docilité, mais l’expérimentation directe de l’harmonie présente dans chaque mouvement, dans une lutte constante pour vérifier ce que vous avez appris sur votre propre corps.
Cela dit, le plus important est d’intégrer dans votre vie quotidienne les mouvements que vous avez appris au cours de vos séances. Pour ce faire, vous devez absolument éviter toute pratique mécanique.
Quelques mouvements très brefs exécutés lentement et avec beaucoup de concentration valent mieux qu’un grand nombre d’exercices exécutés négligemment dans le cadre d’une routine.
Ce n’est qu’en développant une disposition à la prise de conscience au cours des séances que l’élève prendra naturellement conscience de son propre corps, même dans l’essence de sa vie quotidienne, et qu’il réduira ainsi la tension qu’il se crée et parviendra à corriger lui-même ses faux mouvements.
Les actions prendront plus de sens et donneront lieu à une multitude de nouvelles expériences, jour après jour.
Yoga égyptien
Les anciens Égyptiens pratiquaient-ils le yoga ? Pas le yoga, évidemment, puisqu’il s’agit d’un mot sanskrit désignant une discipline indienne. Cependant, ils pratiquaient quelque chose de très proche, appelé « Smai Tawi ». Ce terme signifie « Union des deux terres » ou « union de la nature supérieure et inférieure de l’homme ».
Aujourd’hui, Smai Tawi est appelé Yoga Kemetic, ou simplement Yoga Egyptien. Sur le plan spirituel, il est basé sur les Neteru, les fonctions ontologiques de la conscience profonde. Ces principes cosmiques guident le yogi ou « Nebedjer » à travers des états de conscience de plus en plus subtils.
Sur le plan psycho-mental, le yoga kémétique offrait un système d’intégration de la personnalité des nouveaux adeptes. Il s’adresse à la volonté, aux émotions, à l’intellect et aux actions, qui sont généralement fragmentés.
Le yoga égyptien a développé des méthodes similaires à celles du yoga indien. Il visait à harmoniser et à unir ces sous-personnalités. La méditation (Raja) pour la volonté, la dévotion (Bhakti) pour les émotions, la sagesse (Jnana) pour l’intellect et la justice (Karma) pour les actions.
Vous vous demandez peut-être ce que cela a à voir avec les Occidentaux. Eh bien, les postures de ce yoga, comme dans le « Yoga sans postures » de Philippe de Méric, sont beaucoup plus proches des habitudes physiques habituelles des Occidentaux que celles que l’on trouve dans le yoga indien.
Une sorte de yoga pour découvrir le yoga
À l’exception du célèbre « Scribe assis », tout le monde peut constater que la plupart des bas-reliefs, gravures et statues de l’époque du pharaon en Égypte représentent des personnages en position debout ou assis sur un trône.
Certaines poses sont en effet parfaitement identiques dans les deux traditions. On a notamment trouvé dans plusieurs temples ou mastaba des personnages représentés en position du lotus ou dans la pose du cobra royal, du pont ou de la charrue. Il s’agit là d’asanas typiques du Hatha Yoga. Mais la plupart des postures égyptiennes ne sont pas si difficiles à réaliser pour un occidental qui n’a pas l’habitude de s’asseoir sur le sol.
Le docteur A. de Sambucy a d’abord présenté cette branche du yoga sous le nom de « yoga irano-égyptien ». Le docteur Hanish l’a ensuite développée en y ajoutant plusieurs postures issues des anciennes civilisations iranienne et égyptienne.
Ce yoga combine harmonieusement le mouvement, la respiration et le son. Les pratiquants effectuent les postures debout ou à genoux tout en chantant les voyelles d’une gamme.
Les exercices pour les doigts sont particulièrement importants. Chaque doigt est associé à une fonction corporelle spécifique.
Comme le vrai yoga, l’union de la respiration et de postures spécifiques offre aux êtres humains éducation, illumination et évolution.
Le yoga kémétique est revenu récemment sur le devant de la scène. Babacar Khane, fondateur du premier Institut international de yoga, s’en est inspiré pour créer une nouvelle méthode. Cette méthode combine le Hatha Yoga, le Raja Yoga, le Chi Kong et le Kung Fu. L’objectif principal est de permettre aux débutants de pratiquer le yoga en douceur et de s’améliorer sans douleur ni risque.